Fallait-il, pour défendre un camarade dans l'ennui, sortir des limites du soutien moral, et en perdre la tête ?
Les réactions s'enchainent, au sein même du PS, comme on ne l'a jamais vu.
Au sommet du parti, après l'écroulement inattendu d'une stratégie pour la présidentielle de 2012, voilà bouleversés tous ceux et celles qui l'avaient échafaudée. Bien sûr la situation de leur héraut est dramatique, et tout leur plan bousculé. Bien sûr on compatit forcément à la détresse d'un ami.
Mais dans notre République, les responsables politiques ont à garder la tête froide, à respecter les institutions démocratiques, même dans une autre démocratie. Attendons ce que dira la Justice états-unienne, sans préjuger de ses conclusions. Sans foncer non plus sans mesure dans la stratégie des avocats de DSK (leur tâche est lourde, leurs arguments aussi...).
Quand on dirige un parti, chaque mot prononcé relève de la responsabilité morale et politique.
On doit au moins penser à ceux qui attendent de la cohérence avec une pensée politique partagée. Pleurer chez soi sur l'affliction d'un ami, bien sûr ; pleurer dans l'entre-soi de l'instance nationale responsable, si l'on ne peut se contrôler, il faudrait au moins que l'entourage n'en fasse pas état publiquement.
Et pour ceux d'entre eux qui postulent au mandat suprême de la République, leurs larmes, leur colère médiatique, leur nuit "à ne pouvoir fermer l'œil" font craindre le pire : comment réagiraient-ils à l'Élysée en cas de crise grave ? Ils veulent juste annoncer qu'ils ne feront pas le poids, eux non plus ? De quoi inspirer confiance aux Français-es !
Les citoyen-ne-s justement, ils sont aussi au PS, la base du parti. Et comme les temps changent, ils savent réagir à des archaïsmes intolérables : les pitoyables déclarations de leurs hiérarques, retournant au cerveau reptilien du pire machisme, voilà qui en a révolté plus d'un-e.
On peut voir ainsi que le féminisme a véritablement fini par s'insinuer au sein du parti. Tout arrive !
Si bien que militantes et militants (eh oui !) protestent en masse.
Ils et elles sont dans le gros des réponses, en moins de 48 heures, à l'appel lancé par des associations : Osez le féminisme, la Barbe! et Paroles de Femmes. Eux et elles aussi disent leur colère, proclament leur solidarité avec "Sexisme : ils se lâchent, les femmes trinquent". Contre les noms les plus prestigieux de leur parti.
N'oublions pas que ces grandes figures enchaînent des mandats parlementaires depuis 16 à 33 ans. Que la fin du cumul des mandats demandé par tou-te-s s'appliquera enfin à eux APRÈS leurs prochaines réélections. Rien qui fasse s'écrouler leur univers, pour permettre à des plus jeunes, à des femmes, de remplacer la culture machiste dont ils sont pétris.
Plus que jamais, la parité en politique est la solution : ce sont les femmes élues en nombre qui obtiendront le respect dans l'égalité. Le chemin reste long encore...
Et en nombre, elles seront aussi, avec des hommes, pour manifester près de Beaubourg ce soir :
rendez-vous place Igor-Stravinski à 17 heures ce dimanche.
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