C'est le député Christian Jacob qui a dénoncé le premier la présence à Londres d'une simple parlementaire. (Drôle de qualificatif pour ce qu'il est lui-même !...)
Pensez-donc, c'était une femme (mais ça personne n'a quand même osé le dire ; et puis c'était les obsèques d'une femme). Une femme de gauche. Quelle femme ?
Élisabeth Guigou n'est "que" ancienne ministre, ex- première femme Garde des sceaux. À droite d'habitude, on se garde pourtant bien d'oublier un tel titre, selon l'adage "ministre un jour, ministre toujours" . Et comme députée, pas si simple que ça, elle est tout de même Présidente de la Commission des Affaires étrangères - bien sûr c'est banal depuis que des femmes ont enfin accédé à cette fonction... C'est sûrement dur à digérer pour un simple Jacob.
Enfin et surtout, É. Guigou était bien choisie : elle connaît l'Histoire ; toute jeune il y a 30 ans, conseillère à l'Élysée, elle était au côté de François Mitterrand et a bien connu Thatcher. Ce qui nous vaut ce délicieux récit, que peu d'hommes auraient pu faire :
Un député de droite a choisi cette cible à gauche car il a fort à faire chez lui à droite, avec des femmes même pas parlementaires, et surtout pas simples... Mesdames Barjot et Boutin à défaut d'être députées, et fort peu représentatives de la majorité, en appellent au Peuple de France, et entraînent les élus UMP, UDI, bleu Marine - tout mélangé à droite jusqu'à l'extrême.
une "égérie" n'est pas une femme politique |
Caroline Fourest face à Guaino |
Mais comment demander le respect de la Loi, des institutions, des responsables élus du Peuple, lorsque l'intermédiaire citoyen qu'est le journaliste se comporte sans aucun respect ?
Depuis 1981 déjà, le comportement des élus majoritaires de gauche allait naturellement vers plus de simplicité : on a commencé d'interviewer "Pierre Mauroy" plutôt que "Monsieur le Premier ministre" sans qu'il s'en offusque (peut-être même l'avait-il demandé ?). Quand Elkabbach s'adresse à "Manuel Valls" et ne lui donne du "Monsieur le ministre de l'Intérieur" que sur un ton ironique ou narquois, lorsqu'il parle plus fort que son interlocuteur pour empêcher d'entendre la réponse, il sape lui-même délibérément l'autorité de l'État à laquelle il prétend faire appel. À quoi s'ajoutent avec condescendance ses "oui, oui" et "d'accord...". Il oublie que les citoyens risquent de prendre son comportement comme un exemple à suivre.Plus grave, le même journaliste ose poser la question "vos députés ont-ils la légitimité (...) quand la rue gronde ainsi ?".
Lui-même sait bien qu'un député, élu il y a dix mois, a la légitimité. Il induit donc que l'auditeur-citoyen peut douter de cette légitimité ; son rôle est pourtant d'informer qu'un Élu de la Nation est légitime. Et que ce n'est pas la rue qui impose sa volonté en démocratie.
Dans ce domaine de l'information, Manuel Valls est bien fondé à s'indigner d'expressions que les journalistes ont rapportées sans les contester, ni les replacer dans un contexte historique : des manifestants avaient dénoncé la police qui avait "gazé des enfants", une ex-ministre opportunément allongée au sol s'était dite "gazée" ! Les souvenirs de l'Histoire du XXe siècle rendent indécente une telle évocation, rapportée à un atomiseur lacrymogène !
Et voilà comment le déni arrive au point qu'un Député (Guaino, ancien chantre de la République et discoureur de Président) appelle franchement à la sédition : "Je souhaite que les Français descendent dans la rue jusqu'à ce que ce que le président cède. Le message est très simple "Monsieur le président de la République, changez de politique, changez d'attitude (...), ou bien partez avant qu'il ne soit trop tard".
C'est ce que Valls nomme justement un "factieux".
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