extrait d'une Lettre ouverte de Georges Wolinski à sa femme Maryse (1978)
... Finalement, nous sommes assez fiers d’avoir des femmes féministes. Elles sont pour nous un label d’intelligence et d’ouverture d’esprit. Je suppose que certains Romains devaient affranchir leurs esclaves pour des raisons similaires. J’ajouterai que le féminisme, après tout, vous occupe, vous donne du travail – un travail que vous n’enlevez pas aux hommes. Vous écrivez des bouquins dans lesquels vous dites ce que vous pensez de nous. Vous faites des journaux sans mode pour que l’on vous prenne au sérieux. Vous luttez, vous manifestez, vous vous agitez, vous vous indignez. Vous vous moquez de nous. Oui, cela vous occupe. Et vous évite peut-être de penser et de réfléchir à la société que vous aimeriez. Et à toutes les barrières de préjugés que vous trimballez.
Réfléchissez à ce que veut dire vraiment une société de
femmes où les hommes et les femmes partagent également les tâches et dites-moi
si c’est ce que vous recherchez.
Le féminisme comme l’écologie rassemble des gens de tous les
bords. Comme l’écologie, il ne signifie rien sans le pouvoir politique et
l’influence qu’il peut avoir sur lui. Comme l’écologie, il est générateur
d’espoir devant la prise de conscience qu’il indique et de désespoir devant
l’ampleur du problème à résoudre.
Les femmes sont injustement traitées sur notre planète.
Elles sont mutilées, asservies, considérées comme des pondeuses et des bêtes de
somme.
Je les ai vues trimer dans le désert pendant que les hommes
buvaient le thé à la menthe, assis à l’ombre. J’ai vu pratiquement la même
chose sous le ciel gris parisien ou dans nos campagnes.
Oui, tout cela doit changer. Je compte sur toi et tes
petites amies. Le phallocrate que je suis a le cœur serré en pensant à toutes
ces femmes malheureuses qui n’ont pas la chance d’avoir un mari aussi gentil
que le tien.
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Georges Wolinski |
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