Dès la sortie du débat de mercredi, nous attendions tous (toussss) les sondages qui allaient suivre. Eh oui, même quand on a des doutes sur les sondages... Mais là, c'est sûr, on n'en a plus : le premier sorti est d'ailleurs contesté par les instituts concurrents ; quant aux autres, on n'en attend plus rien, le ton est donné. Tant pis pour les sondages, attendons dimanche soir.
Il y a quand même un mystère. Au départ, 53/47 %. Puis un débat où personne n'a noté que Ségolène était moins bonne que son concurrent (litote) ; les lignes pouvaient au moins bouger. Rien. Rien qui bouge : on reste à 53/47 semble-t-il. Les gens qui ont "découvert" la candidate de gauche, sa compétence, sa carrure, son autorité, sa capacité à représenter la France (car c'était les réactions qu'on a lues et entendues), sont-ils réellement moins nombreux que ceux qui sont soulagés d'avoir vu un Sarkozy capable de contenir sa nervosité ? Comment cet homme, nez baissé pour ne pas regarder son adversaire, quémandant du regard le soutien improbable des journalistes, comment cet homme-là - incroyablement différent de son image en perpétuel mouvement - a t-il pu convaincre à ce point ?
Comment ses absences de réponses sur les sujets principaux lui sont-elles comptées en bons points ? A-t-il donné l'image d'un futur chef d'État, allant imposer la France dans le monde, discuter d'égal à égal avec d'autres chefs d'États et de gouvernements au G7/G8, dans les conseils européens ? Comment présiderait-il l'Union européenne au 1er juillet 2008 ?
Pire (car Chirac au bout de 12 ans laisse déjà un piètre souvenir à ses collègues), comment un Sarkozy président de la France fera-t-il face aux problèmes sociaux, lui qui n'a su, comme ministre, rien maîtriser dans ses domaines de compétence ? lui qui renie les gouvernements où il se voulait l'homme fort ?
Le plus à craindre, et c'est Ségolène qui l'annonçait dès Villepinte, "crise des banlieues : dans les quartiers, le feu couve sous la cendre" : est-ce l'élection de Sarkozy qui éteindrait le feu ?
Quand cet homme - lié de toutes les façons à la sphère des privilégiés et de l'argent - prétend aider les pauvres en donnant aux riches, peut-on croire à cet effet de dominos annoncé ? Les classes moyennes ont-elles bien compris que prétendre supprimer l'impôt sur les successions, c'est seulement donner toujours plus aux plus riches ? Les chômeurs ont-ils compris qu'ils ont moins droit à un nouvel emploi que les salariés à des heures supplémentaires ?
Les femmes ont-elles bien saisi que JAMAIS la droite n'a fait avancer leurs droits, sauf quand elle y était poussée, et que la gauche tout entière apportait ses votes ? est-ce maintenant pour leur apporter l'égalité réelle ? Le président sortant de l'UMP met en avant quelques femmes et il n'en a pas d'autres : ça ne changera pas avant longtemps puisqu'il refuse d'appliquer la loi de parité !
Chaque personne âgée a-t-elle conscience que son vote entre dans le patrimoine qu'elle lèguera à ses petits-enfants qui ne votent pas encore ? majoritairement les 15-18 ans refusent pourtant Sarkozy.
On n'en finirait pas de poser toutes les questions que la droite (le candidat et ses acolytes) a laissées sans réponses. Maintenant c'est aux citoyens de juger. Et d'écouter ceux qui ont de l'influence dans ce débat.
Exemplaire, toute la gauche qui a compris la taille de l'enjeu : dès le 22 avril au soir - mais ce n'est pas seulement sous le coup de la défaite - les candidats affirmaient au moins leur souci que Sarkozy soit battu, et le plus souvent appelaient à voter pour Ségolène Royal. Mais cela aurait été plus efficace si certains n'avaient, dès l'origine, plombé la candidate avec des soupçons répétés d'"incompétence" : et si les 2,5 % qui manquent dans les sondages venaient de là ?
Plus attendue, la réponse aujourd'hui du centre de notre monde politique. Il faut bien se rappeler que le débat de samedi dernier est dû à la volonté et à la grande qualité des deux personnalités qui choisissaient le dialogue. Face à face intelligent entre Ségolène Royal et François Bayrou, dans le but d'informer les Français, quand Sarkozy n'a JAMAIS voulu recevoir de contradiction, sauf en toute fin de campagne... et on a vu comment. Si maintenant il baisse le nez (sauf quand il jouit du soutien qu'il reçoit des médias), la gauche et le centre peuvent garder la tête droite.
François Bayrou assure ne pas vouloir voter Sarko ; ceux qui croient en leur champion peuvent favoriser le renouveau qu'ils espèrent : suffit-il de rester neutres pour écarter le danger ? Quand (presque) tous les élus du centre vont rejoindre à droite les traîtres qui ont déjà quitté la gauche, c'est l'union qui fait la force. L'union dans les urnes, au moins. Et la honte à celui qui incite à la traîtrise.
Chaque automobiliste, à l'heure du tout-électronique, le sait bien : un voyant peut rester au rouge sans cause réelle. Les compteurs n'ont pas forcément raison, quand le moteur tourne bien.
Dans notre démocratie de mai 2007, on a vu que le moteur France pouvait bien tourner : participation au plus haut, votes blancs et nuls au plus bas, enthousiasme pour les débats, adhésion forte à notre candidate... Si le compteur fou Sarko tourne à vide, malgré ses répétitions, sa lecture appliquée de discours écrits par d'autres, son mépris pour tout ce qui n'est pas de son monde, regardons plutôt la route que le compteur.
Et la route peut être belle : à nous, à chacun-e de nous d'en convaincre un, deux trois voisins et amis d'ici dimanche ! nous avons ce pouvoir : nous sommes de gauche et voulons la France présidente, avec Ségolène Royal, plutôt que cinq mauvaises années prévisibles, désastreuses pour les déjà défavorisés !
« Avec moi, il n'y a aucun risque, vous avez tout à gagner. »
(4 mai 2007)
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