"Madame"

Elle n'a pas son égal-e, Mme la ministre du Logement et de la ville, pour montrer ce qu'elle pense des femmes politiques de gauche.
Impressionnante, sa façon de dire "Mâdâme", puis de marteler "Mâdâme" à chaque détour de phrase. Démonstration faite à l'Assemblée nationale ce mercredi, en séance de questions au gouvernement, en réponse à Annick Lepetit, députée socialiste de Paris.

Cela commence par la formule consacrée : "Monsieur le Président, mesdames et messieurs les députés...", mais elle continue précisément : "...Mme Annick Lepetit". Quand Fanchon était jeune, on lui a appris que c'est une formule de politesse pour des commerçants : ils prouvent ainsi qu'ils connaissent le client par son nom. En revanche les bonnes manières bourgeoises l'excluent.

En réalité, Mme Boutin n'est pas dans sa boutique ou en action marketing. C'est par fidélité à ses principes qu'elle utilise cette formule nominative : cela lui évite de dire "Mme la députée", ce qui serait simplement la reconnaissance du titre d'A. Lepetit. Mais ce qui rappelle aussi que C. Boutin a toujours refusé de féminiser sa fonction, étant déjà un député des Yvelines pendant 21 ans.

Ayant voté - quasiment seule - contre la parité, à l'Assemblée et au Congrès, elle n'en démord pas et elle n'est sûrement pas Mme la ministre ! Il y en a d'autres comme elle, qui s'appliquent à dire Mme le ministre, Mme le député : signe infaillible qu'ils sont de droite... (mais tout la droite n'a pas cet horizon limité, heureusement).

Christine Boutin a pour projet de mettre "l'homme au cœur de la problématique". Elle a la fierté d'avoir été élue comme un homme, sans avoir "besoin" d'une loi pour gagner son siège (sauf la proportionnelle en 1986, la première fois). Et elle respecte ses égaux, les hommes politiques. Quant aux femmes, elle préfère les fréquenter pour leurs idées, semblables aux siennes.

Et une femme de gauche, c'est juste une Mâdâme...

... sauf - c'est drôle - dans le compte-rendu analytique de la séance, où tous les "Mâdâme" ont disparu ! Les secrétaires de l'Assemblée ont dû sentir que c'était de trop... Les videos resteront la seule preuve.