jeudi 22 novembre 2007

émotions

C'était au milieu des années 50, à Fourmies ou Valenciennes.
Une soirée magique qui reste un souvenir pour la vie. Fanchon gamine fascinée par un danseur, jeune. Pas un minet gracieux. Un danseur, un peu sombre, qui fait aimer la danse pour toujours - pas la danse en tutu. Et un nom qui reste en mémoire : il s'appelait Maurice Béjart et dansait un Pas de deux.


À une époque d'avant la télé, quand les gamines n'avaient pas le droit de sortir le soir, de rire avec des amies sans surveillance, seulement travailler, à la rigueur lire un peu (et ensuite c'était en cachette sous les draps...), ou s'ennuyer le dimanche - et quel ennui !
À cette époque bénie, exceptionnellement, papa-maman permettaient, et même conseillaient les soirées JMF (Jeunesses musicales de France, merveilleuse association). Quelle que soit la taille de la scène, de jeunes artistes se faisaient ainsi connaître dans toutes les régions de France - si bien nommées "province" alors...

Tournées et concerts au mérite ; ceux dont on se rappelle le nom plus tard étaient bien les meilleurs : par exemple aussi Louis-Jacques Rondeleux faisant découvrir le chant (deux courts opéras de Menotti : Le Medium et Le Téléphone), Christian Ferras et son violon. Une exception en âge : Alfred Cortot, qui avait déjà 75 ans de piano derrière lui, et que les gosses riaient d'abord de voir juché sur son tabouret, de profil sur la scène, les pieds pendants ; mais avec du piano comme ça, la moquerie se changeait vite en émotion.

Un privilège : à Fourmies, par économie sans doute (et probablement à défaut d'hôtels), les artistes logeaient chez l'habitant - adhérent JMF. Et c'est ainsi que la toute petite Fanchon avait eu, à la maison, une leçon de piano de Lili Bienvenue, élève de Nadia Boulanger. Magie de tels souvenirs, car la leçon n'eut pas de suite, hélas.

Merci à papa-maman, quand même. Et surtout merci au jeune Maurice ; adieu "Béjart" !

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