C'est dans la discrétion qu'est partie une femme élue : samedi 16 août au creux du plus creux week-end de l'année, et sa mort n'a été annoncée que deux jours plus tard. Les hommages risquent d'être rares, et fanchon aimerait que ce départ ne passe pas inaperçu.
Françoise de Veyrinas est un triple symbole :
Symbole, elle fait partie de cette génération de femmes qui a eu du mal à percer en politique, avant le babyboom. Pendant que les associations se battaient pour ce progrès élémentaire, pointaient du doigt la difficulté des femmes à se soutenir comme les hommes par des réseaux, Mme De Veyrinas progressait lentement : élue de droite à Toulouse depuis un quart de siècle, elle est devenue conseillère régionale puis députée (1993-95). Ce mandat ne fut pas renouvelé, car la gauche fut victorieuse aux scrutins suivants (désolée !... Elle n'a pas pu voter la parité). Mais elle fut aussi députée européenne (2002-2004). Ce qui fait un joli parcours pour une femme dont on dit la volonté, le caractère, et la passion pour la politique. Elle a su aussi donner son expérience à des éctivités non élues : elle avait été parmi les premières déléguées aux droits des femmes.
Symbole, elle fait partie de celles qu'on a appelées Juppettes : désobligeant selon certains, le terme représente bien le respect que portent aux femmes les partis de droite. Car c'est la méthode, plus que le mot, qui fut désobligeante. Membre du gouvernement nommé en mai 1995, elle faisait partie des 8 femmes débarquées (sur 12) sans ménagement ("remerciées") dès novembre. La photo de famille autour de Chirac faisait chic avec les tailleurs de couleurs sur le perron de l'Élysée, mais le naturel RPR reprit vite le dessus. Les radiées eurent l'élégance de faire passer l'humour avant l'amertume. N'empêche... (Intéressant de voir l'amnésie presque générale d'Internet sur l'épisode)
Symbole, enfin, elle fait partie de ces femmes qui ne profiteront pas de la retraite. Tout le monde a salué son courage dans la lutte contre la maladie et la rechute. Elle n'a pu malheureusement vaincre le vilain crabe, qui fait tomber tant de femmes encore jeunes - malgré la longévité annoncée dans les moyennes statistiques. C'est à chaque fois une douleur pour les amies, mais aussi une perte en militantes ; les associations féminines en savent quelque chose. Et depuis la loi de 2000, combien d'élues avons-nous déjà perdues...
À Françoise de Veyrinas, qui titrait la dernière note de son blog en mars "vive la démocratie, vive Toulouse !",
un salut féministe pluraliste.
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