jeudi 20 octobre 2011

urgence dans le dernier département français

Tous les résultats des Primaires citoyennes sont validés, sauf dans un département, où elles n'ont pu avoir lieu. La situation à Mayotte, notre 101e département depuis avril 2011, ne permettait pas de les organiser - même si l'occasion était bonne de donner la parole démocratiquement à ceux qui manifestent.
Mais la situation de la population réclame des solutions d'urgence et une révision complète des conditions économiques dans lesquelles vit ce département.

L'urgence, on en a parlé enfin hier avec la question d'un député PS, puis au Sénat ce jeudi, parce qu'il y a eu un décès (un manifestant atteint par un tir au flashball en pleine poitrine ou mort d'un arrêt cardiaque ?). La ministre y est allée d'un couplet traditionnel sur la recherche des causes de cette mort, sur la compassion à la famille et sur l'appel au calme. Le sénateur socialiste de Mayotte qui avait posé la question d'actualité n'a pas semblé satisfait de la réponse sur les solutions économiques et sociales.

La CGT France-Télévisions a interrogé son PDG sur le black-out des chaînes publiques, alors que le groupe dispose des reportages quotidiens sur place. Ce matin France-Info a heureusement donné quelques infos et des analyses sur la situation. Révolte contre la vie chère, blocage général, magasins vides, émeutes et aggravation du blocage - sans que l'État intervienne ou même en parle ! l'État, pas seulement la ministre de l'Outre-mer.

Car si les projets sur le niveau de vie sont à long terme, c'est aujourd'hui que le peuple mahorais a FAIM. SI les conditions politiques en Grèce sont très différentes de notre Mayotte, les révoltes que nous observons sont du même ordre : des peuples entiers n'en peuvent plus de devoir survivre dans un système qui les plonge dans l'angoisse. On avait déjà vu des émeutes en Guadeloupe, d'où le militant du LKP Élie Domata a salué la population de Mayotte en dénonçant  "le refus de la négociation, le désengagement, le non respect des accords".

Mais Mayotte est surtout un archipel, isolé par définition, et dépend des importations dans tous les domaines. La récente départementalisation n'apporte pas pour autant une égalité économique avec les autres départements français. La transition se fera lentement mais le gouvernement n'a sans doute pas perçu l'impatience de nos concitoyens : la première comparaison qu'ils peuvent faire est avec leurs voisins de La Réunion, une île aussi.

On a parlé des ailes de poulet grillées comme d'un folklore souriant : les fameux mabawas.


 Mais quand la base de l'alimentation - riz, farine, huile, abats de volaille déjà les moins chers possibles - est devenu inaccessible, c'est tout un système qui est en cause. Quand les prix de produits, tous importés, dépassent de 30 %, ou sont doubles voire triples de ceux de l'île voisine, les revenus d'une population surtout sans emploi n'y suffisent pas ; il n'est pas étonnant que dans un climat devenu incontrôlable, quelques émeutiers profitent de l'arrivée du moindre camion au port ou dans une grande surface, pour piller.


Mais c'est toute la population qui doit maintenant survivre avec des restes de riz et son eau de cuisson. Conditions insupportables pour des enfants, pour des malades, et pour aller travailler.

Est-ce avec des bons de réduction sur quelques aliments qu'il faut "encourager l'assistanat" ? Tous les prix sont en cause, y compris pour fournir les entreprises, dont les carburants. C'est un problème politique que devrait traiter le gouvernement. Mais que peut faire une politique libérale contre la "profitation", où il faudrait s'attaquer aux bénéfices excessifs résultant d'un total manque de concurrence ? Mme Penchard n'en a pas dit un mot. Et pourtant, même un syndicat patronal comme la CGPME dénonce l'oligopole qui règne sur le département, entre quelques grands patrons - avec l'entente dans le grand commerce (les enseignes Sodifram, Somaco et Jumbo).
La ministre avait prévu de venir à La Réunion, pour parler de Mayotte... sans y aller. Mais le déplacement vient d'être annulé.


Dans une situation qui peut devenir explosive, l'État ne peut se contenter d'envoyer des renforts de police.
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