lundi 21 janvier 2013

Sido : "c'est qui cette nana ?"

Morceaux d'anthologie au Sénat, qui nous ramènent aux grands moments du combat pour la parité pendant le mandat Jospin, entre 1998 et 2000.

"S'il vous plaît mes chers collègues, ne faisons pas d'obsession sexuelle collective. Est-ce que  la parité doit se mesurer au 50/50 ?" (magnifique ! M. Christophe Béchu, sénateur UMP,  a tout compris...)
"mais que l'on se batte pour que dans une assemblée départementale, il y ait forcément autant d'hommes que de femmes, c'est au mieux du gadget, pour ne pas dire davantage" (Hervé Mauray, sénateur centriste).

"cette discrimination positive, (...) on aurait pu (sinon ne pas la faire) au moins la maintenir pour un scrutin, et six ans après, on revient à une situation plus normale" (déjà B.Sido. Voilà une expression qui n'a pas été relevée par les médias, pourtant la plus symbolique : une situation normale, c'est actuellement 13,9 % de conseillères générales. 5,0 % de présidentes de conseils généraux.


Mais il y a maintenant des sénatrices, plus nombreuses, féministes militantes et qui en savent long sur l'histoire de la parité, sur le passé des sénateurs de droite, éternellement respectueux des femmes, tant qu'elles ne sont pas élues... Et Laurence Rossignol, qui a été au PS Secrétaire nationale aux Droits des femmes, ne s'en laisse pas conter, ne se laisse pas réduire au "ooooh" indigné qui avait couru parmi les élu-e-s :
"Monsieur Sido... vous avez gagné peut-être ce matin la palme du misogyne beauf de cette assemblée... Voilà, et on se reverra."

Jouant délibérément les Mme Sans-Gêne, la sénatrice socialiste a choisi de relever tout haut ce qu'elle entendait : "des fois que ce ne serait pas inscrit au J.O", "Il y en a un qui m'a dit calmez-vous ; c'est lequel celui-là ?" "Votre nom, s'il vous plaît ?"    

Pourquoi il faut rapporter ces citations ? Car elles sont les plus parlantes, et dans la liberté de parole qui est la règle au Parlement, ces petites phrases viennent du fond de l'inconscient : elles expliquent les grandes difficultés que rencontrent les femmes en politique.
Et elles reviennent régulièrement. Si l'on en revient à 1999, on pourra noter que le Sénat s'est un peu renouvelé depuis ; mais M. Éric Doligé, alors député RPR, n'avait pas jugé bon (ou sage ?) de voter la parité au Congrès de juin à Versailles (non plus que Mme Alliot-Marie ou MM. Borloo, Fillon, V.Giscard d'Estaing). Et c'est lui qui met aujourd'hui en garde contre les difficultés prévisibles : "Faciliter la mixité, ce n'est pas passer de 13% à 100% d'un coup ! Ce sera très difficile à faire". Sauf que 50 % suffirait : les femmes ne cherchent pas à prendre toutes les places, comme l'ont fait les hommes jusque-là...
 Le gouvernement  présente un projet de loi électorale qui permette la parité femmes/hommes.

Après huit heures de débat au Sénat, où Laurence Rossignol rappelait seulement qu'"on va parler Loi, on va parler Constitution", le résultat est là : le projet est rejeté. Tant pis pour la parité, alors que les écologistes et les communistes la soutenaient unanimement jusqu'en 2000.
(on en reparlera à l'Assemblée, et il sera intéressant d'entendre les députés à leur tour.)
Pour être juste, il faut mentionner que le débat s'est prolongé à droite, entre la députée féministe convaincue Marie-Jo Zimmermann et sa collègue Isabelle Debré, élue au Sénat grâce aux lois de parité, mais qui n'a pas tout bien compris...

Le scrutin bi-nominal, variante du scrutin majoritaire uni-nominal, était demandé depuis longtemps par des associations, comme seule solution alternative pour les Conseils généraux ; on n'ose même pas mentionner les assemblées parlementaires...

À suivre, décidément...
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