mardi 3 avril 2007

et une de moins, une !...

Belle élection à Amiens : le ministre Gilles De Robien sentant sa fin prochaine assure ses arrières, déjà confortables. Il ne sera plus au gouvernement, il veut vite récupérer SA belle ville.

Élu député en 1986 déjà, il n'a laissé son siège à l'Assemblée nationale qu'en devenant ministre en 2002 : impossible de contourner la loi de la Ve République, quand même.

Élu maire en 1989, il a bien dû laisser son siège pour obéir (avec le sourire, toujours) au Premier ministre qui le faisait entrer dans son gouvernement, et qui obligeait tous ses collègues à laisser leurs mairies ou présidences d'exécutifs locaux.

Resté ministre de Villepin, il n'avait gardé qu'une "modeste place" d'adjoint à la maire, et quand même aussi de président de la communauté d'agglomération Amiens-Métropole - tiens, ça n'est pas une présidence d'exécutif local ?

Pendant ce temps, une élue locale faisait le travail, et a sans doute prouvé ses compétences en cinq ans où elle a été maire d'Amiens en titre. Brigitte Fouré, brave femme, a néanmoins démissionné le 22 mars pour rendre son fauteuil au notable bientôt ex-ministre. La voilà, qui mérite qu'on connaisse son visage, femme maire parmi si peu d'autres, et déjà ex :

Y avait-il contrat ? ce serait faire peu de cas des citoyens-électeurs de la ville. Bien sûr ils avaient re-voté en 2001 pour une liste menée par cet homme, et ils ont été honorés de le voir ministre. Mais sans doute aussi ont-ils apprécié d'avoir une femme maire de leur grande ville : il y en a peu en France. Et puisqu'elle a été capable d'exercer ce mandat, n'est-ce pas mesquin de le lui retirer un an avant la fin ? surtout que cette année avant les municipales est une année de rab - pour cause de report des élections à 2008. Elle a donc réellement rempli ce mandat pendant les 5 années normales.

Mais pardon... on ne le lui a pas retiré, ce mandat : c'est elle qui démissionne ! elle l'a bien voulu...

Il peut sembler injuste de dénoncer un comportement, de désigner un homme. Car ils ont tous fait ça : comme s'ils étaient propriétaires de leurs mandats. Surtout après tant de mandats successifs. Ainsi ont-ils tourné "la règle Raffarin" : plusieurs ministres ont continué d'exercer leurs responsabilités locales.

Et pas des moindres : LE ministre d'État Sarkozy est resté depuis 2002 adjoint "hors rang" de Neuilly, et président du Conseil général des Hauts-de-Seine. Il préside aussi l'Établissement public pour l'aménagement de la région de la Défense (EPAD) depuis 2 ans. Cet établissement-tirelire du plus grand centre d'affaires d'Europe vient d'être reconduit jusqu'en 1910, pour le plus grand bonheur économique des communes où il siège, dont Puteaux.

Parlant de Puteaux, il y a une femme élue députée-maire, aussi. Suppléante de M. Sarkozy à l'Assemblée, elle y a gagné un fameux tournis : rendant son siège à chaque fois que le ministre démissionnait, elle a eu du mal à garder le fil - et c'est ce que beaucoup lui reprochent. Mais là on est parti pour un fameux feuilleton... Fanchon aura sûrement l'occasion d'en reparler.

On en reste donc aux ministres qui vont bientôt reprendre LEURS sièges de parlementaires. Déjà une éphémère sénatrice n'avait siégé que le temps des deux ministères d'Alain Lambert (moins de 2 ans 2002-2004), puis avait démissionné. Hommage à Brigitte Luypaert, "ancien sénateur de l'Orne", déjà rangée dans les archives du Sénat :

Elle n'aura même pas eu le temps de croiser une autre sénatrice, qui est certainement sur le départ : dès son élection, grâce à la parité en septembre 2004, le bruit courait que sa place sur la liste des Yvelines n'était qu'en attente du retour d'un ministre. On verra si les femmes décidément rendent toujours leur tablier...

Tout ça pour d'indéboulonnables têtes de cumul.

MAIS, après le 6 mai, on va voir du changement : le Pacte présidentiel de Ségolène Royal prévoit le mandat unique pour les parlementaires ! Le début de mœurs plus démocratiques, pour la France, enfin.

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