mardi 15 mai 2007

le cerveau reptilien a encore de beaux jours...


Belles déclarations au Conseil national du PS, à la Mutualité samedi dernier. On a entendu des appels à la raison et au renouveau.

Peu de femmes parmi les orateurs - d'ailleurs peu de femmes, sûrement moins de 20 %, dans la salle où les participants reflétaient peu la grande diversité, qu'on avait vue dans tous les débats et files d'attente aux réunions de la campagne présidentielle pour Ségolène Royal.

Pour Élisabeth Guigou : "Si nous savons, en parlant des uns et des autres, ne retenir que le positif, je crois que vraiment nous nous mettrons en meilleure position pour les législatives. Il nous faudra retrouver une éthique de comportement entre socialistes, de la modestie, de l’humilité, de l’esprit de camaraderie, en finir avec le «pousse-toi de là que je m’y mette» qui est notre exercice favori, et qu’on a vu un peu revenir ces derniers jours. Les ambitions sont légitimes, mais pas au détriment de ce qui doit exister entre nous." Attention à ne pas oublier la diversité, mais pas avec des postures vieilles, convenues, qu’on a trop connues. Et quant à l’auto-proclamation, d’abord ça ne marche pas et, ensuite, c’est toujours un peu ridicule."
Le bon sens...

Pourtant, on a entendu aussi Jean-Luc Mélenchon : "Donc avec l’instrument de la raison, comment pouvons-nous nous émanciper de l’obscurantisme du capitalisme et de l’obscurantisme que parfois nous-mêmes nous générons ? Lorsque, comme nous l’avons vu par exemple à certains moments de la campagne, on voit des gens pleins de bonnes intentions animant le courant féministe, comme Benoîte Groult * (tous les féminismes, je vous le dis, pour moi, ne sont pas bons à prendre), nous dire que si nous avons du mal à voter pour Ségolène Royal, c’est parce que notre cerveau reptilien d’homme nous empêche d’admettre le leadership d’une femme. Eh bien, entre ça et le génétisme de Nicolas Sarkozy, il n’y a pas de différence. Figurez-vous que ce ne sont pas mes organes génitaux qui m’empêchent de penser."
Ils n'empêchent pas non plus, dans la tourmente d'une défaite de son parti, de continuer à discourir comme depuis son fauteuil au Sénat depuis 20 ans, hors de danger jusqu'en 2010, en attendant des jours meilleurs...

Autrement, rien sur le sujet favori de Fanchon, la parité. On parle au moins d'une femme, notre candidate que la salle a applaudie (même si certains la verraient bien déjà comme future bientôt ex ?...).

Des candidatures ont été confirmées pour les législatives. Où l'on voit un département obligé de remplacer en urgence un déjà-ex-candidat : très volontaire il y a un an pour que sa circonscription ne soit surtout pas réservée à une femme, il voulait prouver qu'il allait gagner. Confronté à une défaite probable (après le 6 mai), il jette noblement l'éponge ; une jeune femme reprend la main, avec courage. Et le département (représenté actuellement par 12 députés UMP) va voir 9 (neuf !) femmes sur 12 candidats PS. Un record, mais hors parité. Surtout pas de commentaires, SVP.

Enfin à Paris l'indécence absolue est atteinte. On comprend que l'exclusion du parti soit promise à ceux qui veulent imposer leur candidature : c'est dans la 21e circonscription que le récidiviste Charzat ne supporte décidément pas son triste sort. Par ces temps où ses électeurs peuvent aussi être des chômeurs, il est un parlementaire installé : député depuis 1981, alternant avec le Sénat selon les opportunités qui l'arrangent, il mériterait qu'on voie de près comment il s'accommode des candidatures de femmes depuis l'obligation de parité.

Aujourd'hui il conteste la candidate désignée George Pau-Langevin. Voilà pourtant bien une femme digne de représenter la France à l'Assemblée nationale - face à un député accro à son siège et à son fief, qui mérite aussi d'être renouvelé enfin... Son obstination devrait d'ailleurs lui coûter bientôt d'autres mandats (cumulés !) : il est aussi maire du 20e arrondissement de Paris (depuis 1995) et conseiller de Paris (depuis 1983).

Car Reuters rappelle bien sûr que "le premier secrétaire a évoqué devant la presse les "candidats qui voulaient se porter contre les choix que nous avons faits en matière de parité ou de diversité", sans citer de nom. "Ma position est ferme et implacable : ceux qui se comporteront ainsi seront exclus du Parti socialiste et ne pourront pas avoir la moindre investiture locale pendant la période qui suivra", a-t-il ajouté.

(le cerveau reptilien)
* Pour mémoire : «chaque fois qu'une femme remet en question l'accord tacite qui réserve aux hommes les hautes fonctions du pouvoir [...], apparaît un élément imprévu, qui ressortit à des pulsions archaïques, inavouées et inavouables, la renvoyant aux sources millénaires de son identité». Benoîte Groult, Le Monde, 4 avril 2007.

1 commentaire:

  1. non mais ! c'est à lui de dire ce qui est BON À PRENDRE dans le féminisme ?? de quoi je me mêle ?
    Et dans l'anti-racisme, il y a à prendre et à laisser ?

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