C'était fête hier soir, au cœur de l'État. Au ministère de l'Intérieur, dirigé pour la première fois par une ministre, Mme la préfète Bernadette Malgorn remettait les insignes de l'ordre à Colette Kreder, nouvelle commandeure du Mérite.
C'est à l'hôtel Beauvau, salle Olympe de Gouges (qui porte ce nom depuis le 8 mars dernier), que la secrétaire générale du ministère - première femme également à diriger l'administration centrale de l'Intérieur - avait tenu à faire de cette réception un rappel bienvenu de l'urgence de la parité dans la vie française (politique, entreprises, sciences, etc).
Elle avait invité de nombreux fonctionnaires, déjà chargés d'observer et promouvoir la mixité dans les administrations publiques. Mme Malgorn est présidente de l'Observatoire national de la diversité et de la parité ; mais présidente aussi de l'Observatoire national des zones urbaines sensibles-ZUS, ce qui n'est pas toujours sans rapport, en raison de la précarité où les femmes sont majoritaires.
B. Malgorn est convaincue depuis toujours de cette nécessité, soucieuse de parité dans les départements et régions (Lorraine, Bretagne) où elle a été préfète. Son discours l'a bien rappelé, à la fois historique et constat d'actualité avec nos 18,5 % de députées. L'historique est aussi un rappel de la longue action professionnelle et militante de la "récipiendaire" Colette Kreder. Cette promotion au titre de commandeure est la reconnaissance en particulier de la fondation de Demain la parité : Colette a partagé cette initiative avec Françoise Gaspard, qui prônait un constat chiffré de l'absence des femmes dans la vie politique. Mais aussi avec Claude Servan-Schreiber, journaliste, dont le bulletin Parité-Infos publiait régulièrement ces statistiques d'experts, dès le début des années 90.
L'action de Demain la parité été possible grâce à sa structure en réseau. Les associations qui l'ont constitué étaient les premières à comprendre l'utilité de regrouper leurs activités sur un objectif commun. C'est ce combat qu'elles ont mené ensemble qui a permis la révision de la Constitution, puis la vote de la loi de 2000 - dont on peut mesurer aujourd'hui l'efficacité, variable selon le type d'élection...
Même si plusieurs manquaient hier soir, Huguette Delavault, Nicole Dromard (et Bernadette Merchez pour les droits de femmes, qui s'en est allée discrètement il y a 15 jours), toutes les autres invitées étaient heureuses de se retrouver hier soir, grâce à Colette : cela rappelait aussi qu'un tel combat pour l'égalité s'est fait sans violence, et a souvent créé de longues amitiés solidaires. Elles ont apprécié ce rappel historique, mais n'oublient pas qu'elles appelaient alors à la vigilance, mot d'ordre décidément indispensable au féminisme : ce n'était pas un vain mot, lorsqu'on voit la régression de ces dernières années.
Le ministère de l'Intérieur doit-il, seul, assurer cette vigilance ? Les associations aujourd'hui sont bien ralenties dans leur action. Quant à un ministère de la parité ou des droits des femmes, ce n'est plus qu'un lointain souvenir...
Et comme l'a rappelé Bernadette Malgorn : "Dès que les droits des femmes ne sont pas reconnus et garantis, il y a fracture sociale et rupture du contrat républicain."
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