Les visiteurs de Fanchon ne l'ont pas oublié : dès son arrivée à l'Élysée, le nouveau président avait voulu montrer que sa rupture n'allait pas jusqu'à tout à fait renier la Françafrique. Son deuxième invité, accouru du Gabon, était reçu avec la même amitié qu'il avait démontrée en pleine campagne électorale, en mars à Paris.
Bis repetita placent : au cas où nous aurions oublié, les deux présidents se sont encore rencontrés, chez Bongo cette fois. Le contexte avait changé, M. Sarkozy veut montrer que c'est toute l'Afrique qui lui importe : après la Libye, le Sénégal puis le Gabon. Et pas à la sauvette : en grand, à la face du monde.
Du coup, le monde commence à réagir :
Sur la Libye, passé l'admiration devant Cécilia, humanitaire sauvant des femmes - mais l'essentiel était de les sauver, on est d'accord -, dans l'Union européenne on regimbe. On commence à voir le prix payé par le président français pour la gloire de معمرالقذافي , "Guide de la grande révolution de la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste".
Les Allemands les premiers s'offusquent d'être restés quantité négligeable dans un accord politico-commercial qui ne l'est pas, négligeable : Siemens possède pourtant 34 % du groupe Areva qui va fournir un réacteur à la Libye. Accord que le secrétaire d'État aux Affaires étrangères Gernot Erler (SPD), juge « politiquement problématique », et c'est Le Figaro qui nous le rapporte ! « Se rendre en Libye le jour de la libération des infirmières bulgares pour annoncer une telle décision, sans en avoir informé son partenaire le plus proche, est un style que je n'estime pas » a déclaré aussi la vice-présidente du groupe parlementaire SPD, Angelica Schwall-Düren.
Alors que l'entreprise allemande s'oppose à la prolifération nucléaire, des scientifiques français nous alertent dans une tribune de Libération aujourd'hui même : Benjamin Dessus et Bernard Laponche, de l'association Global Chance, dénoncent "un troc honteux".
Mais la promenade au Sénégal n'a pas enthousiasmé tout le monde, là-bas non plus.
Pour des commentateurs qui se réjouissent "qu'à la suite du travail d'authentiques fils de ce pays, l'état de santé de la démocratie sénégalaise ait été certifié par un témoin franc nommé Sarkozy" (All Africa), la plus grande partie de la presse s'indigne de la tonalité générale du discours de Dakar.
Enfin la balade s'est terminé chez le vieil ami du Gabon : "en Afrique, le doyen cela compte", cite Le Monde qui rapporte le voyage.
Quant au retour à Paris, il s'accompagne d'autres promesses africaines : les Touareg, le Niger, Sarkozorro a du pain sur la planche, avec tous les conflits... Dans 5 ans, il postulera pour le Secrétariat général de l'ONU ?
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