Ça n'a pas fait la une des JT le 15 mars : on était en pleine campagne présidentielle, et Chirac (qui ça ?) faisait ses adieux. Pourtant, en même temps, une autre femme aurait pu faire parler d'elle, en décrochant le titre de "Meilleur Ouvrier de France" en cuisine, pour la première fois en plus de 80 ans.
Diplôme d'État, sous la tutelle de 4 ministères, le concours qui y conduit est organisé, tous les 3 ans seulement, pour plus de 200 métiers - toujours manuels et qui mériteraient souvent plus encore de reconnaissance. La cuisine est de ces 200-là ; et divers documentaires télévisés récents ont montré que, même avant d'arriver à ce niveau d'élite, la compétition y est rude. C'est bien le rare domaine où le titre d'ouvrier a gardé sa valeur : celui qui œuvre, pour "une belle ouvrage".
Depuis le temps que la cuisine est la pièce de la maison traditionnellement laissée aux femmes, ce qu'elles y produisaient, mitonnaient au quotidien avait peu d'importance : les casseroles et leur contenu, cela manque de chic. Sauf quand les hommes - les mecs, les vrais - ont toute leur vie la nostalgie de la soupe, du gâteau, de la daube, etc "de maman". Mais c'est la sphère privée...
La Cuisine, qu'elle soit grande, nouvelle, mondialisée, n'a de noblesse que magnifiée par des hommes. Et les titres sont ronflants et rentables : un MOF ayant réussi ce concours extrêmement difficile, sa renommée et son avenir sont assurés, s'il ne fait pas de bêtises. En cuisine et dans les médias, avec sa toque, sa blouse ornée d'un col tricolore, il devient un vrai professionnel considéré, voire une star.
Dans cet exercice, le grand jeu a toujours été d'exclure les femmes. Démonstration souvent faite qu'elles n'ont pas les moyens (où ça ??) de commander une "brigade". Évidemment, si la cuisine est considérée comme une discipline militaire... On peut pourtant rappeler que même dans l'armée, elles ont fini par être admises.
Fin juillet, Jean-Laurent, dans sa catégorie "franc-maçonnerie" (allons bon, ça en plus !), précisait que dans la catégorie cuisiniers candidats au MOF, ils étaient 568 = 565 hommes et ...3 femmes : des optimistes, sûrement ! Eh bien l'une des 3, l'une des 568 a enfin décroché le titre. Il faut croire que sa tarte soufflée à la Saint-Jacques, son jeune lapin farci façon lièvre à la royale, et ses ravioles de crêpe à la clémentine ne l'ont pas volé et devaient être particulièrement réussis !
Andrée Rosier, "chef de partie tournant " (allons bon - bis !) au restaurant de l’hôtel du Palais de Biarritz, est donc maintenant Meilleure Ouvrière de France, et ça se salue bien bas. Il faudra aller goûter à ses merveilles, si on en a les moyens. (Car le restaurant va sûrement augmenter ses tarifs, grâce à elle.)
Ajoutons que les MOF sont regroupés en association, avec sa philosophie et une femme, Olga Saurat, comme actuelle présidente.
Quant à Andrée, qui n'a que 28 ans, elle a foncé avec sa passion. Elle dit qu'elle n'est pas féministe (et ils sont tous tellement contents quand une jeune femme déclare ça !). Fanchon lui souhaite beaucoup de réussite et de bonheur dans son activité - avec les difficiles contraintes du métier - en particulier les horaires en conflit avec une vie de famille. Mais comme son mari partage la même passion, c'est dans le restaurant qu'ils veulent ouvrir ensemble que l'on ira bientôt goûter de bien bonnes choses .
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