vendredi 28 décembre 2007

merci, Lucien !

C'était le 28 décembre, en 1967 – autant dire dans la nuit des temps, il y a 40 ans

Temps obscurs, où s'imposait la fameuse loi de 1920 : après avoir lancé la tuerie qui détruisit des millions de jeunes hommes, les responsables politiques de l'époque – uniquement mâles, bien sûr, et plus forcément tout jeunes - y allaient d'une politique nataliste.
Les femmes, qui avaient remplacé leurs hommes dans les activités économiques, étaient alors sommées de repeupler la France. Et cette loi en direction des jeunes générations traversa encore une autre guerre. Elle interdisait contraception et avortement – et une "faiseuse d'anges" comme on disait, fut même guillotinée pour s'être fait prendre.
Quarante-sept ans après cette loi, il fallut un gaulliste courageux pour aller convaincre son Grand Homme, le général président, que la situation ne pouvait pas durer. Si les avortements étaient insupportables, un bon moyen de les réduire (et le cortège de mortes et de mutilées, le flot de sang qui l'accompagnaient) restait tout de même la contraception : pourquoi les garder dans le même sac ?
C'est ainsi que Lucien Neuwirth réussit à obtenir du Président De Gaulle la permission de proposer une loi autorisant la contraception. C'est ainsi que purent être vendus certains contraceptifs, dont la pilule.

Non sans mal car les décrets d'application tardèrent ; car des pharmaciens s'accordaient une clause de conscience pour refuser de vendre la pilule, contraire à leurs principes !

Mais le changement était là : la régulation des naissances une fois autorisée, c'est toute la vie des femmes qui se libéra, pour le dernier tiers du XXe siècle. Et donc toute leur indépendance économique aussi.

Lucien Neuwirth mérite bien un grand merci et un salut en ce 28 décembre.
Pour la petite histoire, il perdit son dernier mandat – de sénateur – en 2001, à cause de la loi parité, qu'il avait d'ailleurs votée. Il dut y voir quelque injustice, mais il pouvait aussi tirer un bilan satisfait d'une aussi riche carrière parlementaire.

Les femmes lui en sont reconnaissantes, et devraient penser à le lui dire plus souvent.
Mais en 2008 l'application de la loi Veil sera toujours d'actualité.

2 commentaires: