jeudi 20 décembre 2007

Nul n'est censé ignorer la loi

Il y a des cas graves dans cette République. Bien sûr tous ces gens qui trafiquent en "économie souterraine" dans leurs quartiers, pris comme prétexte par les polices pour contrôler les papiers de n'importe qui à certains endroits (non, pas à Neuilly-sur-Seine !)

Il y en a aussi parmi les gens qui font appliquer les lois, en suscitent de nouvelles, que leurs concitoyens ont vivement avantage à connaître, pour s'éviter des ennuis.
Quand un énarque, directeur de cabinet ministériel, "découvre" dans la presse qu'il n'a peut-être pas respecté l'esprit des lois, que répond-il - en dehors du "pas de commentaire" traditionnel ?

Qu'il n'a pas reçu encore le courrier de la régie municipale (RIVP) qui lui loue un appartement depuis 26 ans à un prix de très cher ami... Pendant ce temps, les médias donnent des détails : s'il n'a pas vraiment "sous-loué" cet appartement quand il bénéficiait en plus d'un autre appartement de fonction, il a juste cherché la tranquillité pour après, en se faisant remplacer dans les lieux par une famille d'amis, méritants bien sûr - et avec la haute caution morale du maire de Paris d'alors, Jacques Chirac... Et il appelle même cela n'avoir bénéficié d'aucun "privilège personnel"...

Qu'il aille dire en face aux sans-abri, aux mal-logés que ce n'est pas un privilège de profiter d'un toit, d'un toit confortable, et même de deux toits, et de s'économiser environ ...4 000 € chaque mois... Depuis 26 ans, il a bien dû arriver à mettre quelques noisettes à la caisse d'épargne ? Cela a peut-être déjà été un peu difficile de le dire en face à sa ministre - qui a annoncé qu'elle réglerait le problème avec lui, les yeux dans les yeux.

Si la RIVP, après une succession municipale difficile, a découvert seulement en 2007 ce qui ressemblait quand même un peu à un privilège, l'intéressé semble ne s'être jamais posé la question. Elle était pourtant double :

- passer plus de huit ans dans le cabinet du maire de Paris, diriger les cabinets d'une secrétaire d'État à la francophonie (Mme Michaux-Chevry...), de deux présidents de Régions, voilà qui oblige à ne pas ignorer les lois, réglements et usages de la République ; et une des deux régions était celle où il bénéficiait de ce logement.

- afficher, au côté de Mme Christine Boutin, une philosophie qui s'accommode difficilement de la laïcité, cela devrait au moins conduire à quelques interrogations sur la morale en politique. L'engagement de M. Bolufer est bien connu, réputé proche de l'Opus Dei ; dans une de ses conférences en 2004, il déplorait que le politique soit de moins en moins au service du bien commun et de plus en plus au service de sa propre personne. En 2004, il avait justement un appartement de fonction attribué au directeur des Journaux Officiels qu'il fut pendant 10 ans. Le temps de potasser tous les recueils de lois, avant de retourner au premier logement à prix d'ami ?
Formé au sein de la très intégriste "Cité catholique", puis président-fondateur du "Cercle de la cité", Jean-Paul Bolufer milita contre l'IVG, le PCS, l'homosexualité. Toutes pensées au service d'une certaine morale.

Morale et politique, c'est donc sans doute ce qui a guidé la ministre Christine Boutin (toujours Consulteur auprès du conseil pontifical pour la famille, confirmée par Benoît XVI) à accepter la démission, devenue indispensable, de son bras très-droit ce matin même.
Qui va-t-elle pouvoir trouver pour le remplacer ??
Lui laissera-t-on le choix toute seule, après tant de boulettes ?

bye-bye, Monsieur ! allez donc bolufer ailleurs....

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