mercredi 9 mars 2011

une amnésique mène les femmes en bateau

Qui a dit (aussi) hier :
Je ne suis absolument pas raciste ! J'ai d'ailleurs soutenu la construction d'une mosquée chez moi à Roissy-en-Brie.

Elle avait déjà déclaré en avril 2010 :
Je ne suis pas féministe, dans la mesure où je suis mariée.

- C'est Mme Chantal Brunel, députée UMP, qui défraie la chronique une fois par an, autour de la Journée des femmes - pas "de la Femme" !

Quel rapport ?
Aucun, justement. Sinon que cette députée oublie qu'elle a été nommée le 8 mars 2010 à la tête d'un organisme officiel, alors vide depuis un an : l'Observatoire de la parité. Il a fallu encore trois mois pour que l'ensemble des membres soient enfin nommé-e-s. Soit 15 mois de néant au lieu de "assurer une fonction d'expertise et d'évaluation des politiques publiques visant à favoriser l'égalité entre les femmes et les hommes dans les domaines politiques, économiques et social".

On comprend mieux pourquoi la promesse du candidat Sarkozy en 2007, de combler l'inégalité de salaires entre femmes et hommes, ne risquait pas d'aboutir fin 2010... Jusque là, l'Observatoire créé en 1995 avait fonctionné et s'était renouvelé normalement pendant 14 ans, sous la droite comme sous la gauche.

C'est à l'occasion d'une intervention officielle qu'Yvette Roudy a choisi de faire une piqûre de rappel. Pour les 15 ans, au Sénat, de l'OPFH (un sigle, ça permet d'oublier ce qu'il y a dedans...), le discours de la (première) ministre des Droits des femmes en 1981, puis fondatrice de l'Assemblée des femmes, a rappelé ce qu'un gouvernement peut faire pour les progrès vers l'égalité réelle. À condition qu'il y ait un-e ministre... (l'espèce a disparu en France depuis plusieurs années)

Moqueuse comme elle sait l'être, Yvette a subtilement remercié le Premier ministre (président de l'OPFH) de son invitation. (Elle a remercié aussi Mme Brunel, mais n'en a pas dit plus)
Puis Mme Roudy a expliqué qu'il doit être bien difficile de présider une telle structure, avec un objectif précis et urgent. La preuve, François Fillon a mené une politique aux effets exactement inverses : la réforme des collectivités locales, on le sait déjà, va réduire à néant la loi de parité de 2000 puisque les conseillères territoriales élues en 2014 n'atteindront pas 20 % des assemblées. Au lieu de 48 % aujourd'hui dans les Conseils régionaux (49,8 % en Île-de-France, par exemple).

Ces calculs de prévision ont été faits très sérieusement, par l'Observatoire de la parité avant mars 2009, comme c'était son rôle. Résultats désobligeants pour le "réformateur" ...qui a peut-être alors préféré laisser la coquille vide pendant que MM. Hortefeux et Marleix sévissaient.

Ce qu'ignorait Yvette Roudy le 13 décembre 2010, c'est que la "compensation promise", d'appliquer la proportionnelle (lois de 2000 et 2007 élargies) aux communes de 500 à 3500 habitants - pour augmenter le nombrte de femmes élues - n'était qu'un leurre. On devait voir "40 000 femmes de plus dans les conseils municipaux, ... la progression des femmes parmi les adjoints, parmi les maires, et dans le corps sénatorial qui en résultera, ainsi (que) 25 000 femmes de plus dans les conseils communautaires" (dixit l'éphémère secrétaire d'État Marleix).

Février 2011 : des associations viennent de découvrir, et l'OPFH, que ceci était un pur mensonge. La loi a été promulguée : plus rien sur les petites communes (art. 4), ni décret d'application, ni vote parlementaire.

Pour celles et ceux qui en doutaient, le mot "régression" a vraiment du sens. Grâce au Président, au Gouvernement et à sa majorité. Et merci aussi à Mme Brunel, qui fait tout son possible pour parler d'autre chose que son job ?
Le job ? Tous les commentateurs de sa petite phrase ce matin ont oublié celui de "la députée UMP" (il y en a d'autres), de "l'ex-porte parole" de son parti (ils et elles se sont succédé) : Chantal Brunel est d'abord LA Rapporteure générale de l'Observatoire de la Parité entre les femmes et les hommes. La seule en exercice, ou au moins en titre, au 8 mars 2011.


Et si la Droite voulait nous faire croire qu'elle a réussi ? Qu'elle répond au critère de Françoise Giroud : "La femme sera vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignera une femme incompétente."
Heureusement, on entend encore la voix de femmes compétentes.


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