dimanche 13 mars 2011

Mère Courage, coiffée, debout

Dans ces journées, où les premiers mots entendus dans le radio-réveil ont un parfum d'apocalypse, on peut être sensible à une nouvelle sans grand retentissement national.

C'est l'histoire d'une femme simple dont la vie s'est achevée cette semaine.

Maria Paul était une Bigoudène de Penmarc'h, qui aurait pu mener une longue vie de femme de marin breton "avec" son Baptiste Dupuis épousé à 19 ans. Leur vie commune aurait été celle de tous les couples séparés par le grand large et rapprochés - sauf malheur - par le retour de la pêche.
Mais il y eut la guerre, et son simple mari devint aussi un Français Libre, qui tomba dans les tout premiers morts de la Résistance, au début de l'automne 1940, toujours au large, mais en Afrique.
Il fallait bien survivre et  Maria finit l'Occupation en vendant des brosses de chiendent : sûrement pas dans l'aisance avec ses deux petits.
Elle trouvera ensuite, et jusqu'à la retraite, un emploi plus stable - mais dur, comme celui de beaucoup de Bretonnes, dans une conserverie.
Cette vie ordinaire devient remarquable en 1977 : Maria Dupuis avait toujours voulu garder le souvenir de son brave mari, et assistait fidèlement aux cérémonies traditionnelles du 18 juin, dans le costume qu'elle a toujours porté au quotidien, approchant même le Président Chirac.

Maria qui continuait à vendre ses broderies aux touristes, entra dans le médiatique de l'époque comme célébrité locale, et sa coiffe figura même dans un film de Claude Chabrol.
Jusqu'à ce jour de mars 2011 où une vie de 98 ans s'est arrêtée, symbolique de tout le siècle écoulé, symbolique de tant de vies de femmes. Adieu, Maria !

Cela ne peut faire oublier que la vie de millions d'humains est sous la menace nucléaire ajoutée à la catastrophe naturelle, qu'un fou est prêt à zigouiller son propre peuple, que notre continent oublie qu'il a besoin de son Union, que la vie politique de notre pays est sous la (peut-être ?) menace d'une femme qui fait "mieux" que son père, que nous devons subir au quotidien les impulsivités de notre Représentant aux lèvres pincées...

Mais résister, vivre libre et debout, on peut toujours.
(en v.o. : dalch mad !) 

(fanchon remercie son correspondant bigouden)  
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