jeudi 18 août 2011

trash de vies

On se réveille poisseux chaque matin : le radio-réveil débite des "informations" qu'on a honte d'entendre.
Alors qu'une crise financière empoisonne la politique au point de faire disparaître toute intelligence, toute vision, toute volonté d'avenir ; alors que la sécheresse d'une partie du continent africain fait mourir de faim ses tout-petits, qui devraient être son avenir...
...eh bien non, le robinet médiatique débite des insanités.

Voilà des semaines et des mois que la page des faits divers s'est invitée à la une.
Bien sûr des familles sont tristes quand "un homme s'est noyé en Corse, en tombant de son bateau", "une femme a disparu", "un petit garçon s'est noyé dans la piscine de ses parents", des jeunes sont morts dans leur voiture écrasée contre un arbre". Mais qu'y pouvons-nous ? cela pose-t-il à chaque fois un problème de société auquel nous devons réfléchir ?

Oui, parfois : l'alcoolisation folle des jeunes, le téléphone au volant, et les conséquences sur la conduite automobile, voilà deux problèmes graves auxquels il faut s'attaquer. Comment ? certainement pas en votant des lois qui feront plaisir au lobby de l'alcool, au lobby des maniaques du volant. Demander plutôt son avis à la Ligue contre la violence routière.

Le danger des piscines posées dans les jardins est connu et c'est de la prévention qu'il faut faire, pas  de la lamentation publique quand il est trop tard. Soutenons plutôt les associations de consommateurs !

Nous sommes tous et toutes catastrophé-e-s d'apprendre une nouvelle disparition de jeune femme, enlevée, violentée, tuée. Mais c'est bien - depuis quelques années - le seul intérêt porté aux femmes dans la société : victimes de violences, et à la rigueur "leur place" (comme si on parlait de "la place des hommes dans la société" !?).
La misogynie, le machisme en sont-ils diminués ?

Et si cette compassion commerciale, ce flot de détails sordides, n'étaient pas au contraire des provocations à l'adresse des esprits malades ? Avec l'affaire new-yorkaise récurrente, les robinets d'infos ont enrichi leur flot, additionné de sperme, d'analyses ADN, de détails gynécologiques.
Le moindre "journaliste" qui prétend donner une information avec un compte-rendu médical publié par un "avocat" acharné, supporterait-il que sa femme, sa fille, sa sœur soient le sujet d'un tel déballage ? Où est le respect de la victime, qu'elle travaille dans un hôtel ou fasse du jogging dans la nature ? (volontairement, aucun lien ici)
Si ces descriptions, ces précisions ignobles deviennent notre pâture médiatique quotidienne, n'est-ce pas une forme d'excuse cynique donnée au prochain cinglé qui voudra se taper une femme ? puisque c'est devenu banal, il n'y verra peut-être pas de mal...

On atteint le maximum du pire, quand on découvre que parmi les participants aux recherches d'une femme disparue, il y avait son bourreau ou un criminel : tellement éploré, il avait su tromper son monde, et devait se délecter de regarder les images où il figurait. Il y a déjà deux exemples récents. Effet miroir du crime, grâce aux prétendues infos à répétition.

Le pouvoir politique regagnerait un peu de dignité s'il tenait ses promesses de respecter les femmes en leur laissant un peu de place pour décider - au lieu de réduire la parité au gouvernement et dans les élections ; s'il appliquait sa "volonté" d'égalité dans les salaires - et l'étendait aux retraites...

Les médias donnent l'impression de mépriser l'opinion publique, en réduisant leur devoir de vacances à une permanence d'été qu'il faut remplir à tout prix, à vil prix. La longue plage d'été prendra fin avec le retour des vedettes de l'information, éditorialistes, journalistes connus : leur tâche annuelle est-elle si écrasante qu'ils aient besoin de huit à neuf semaines de congé en été ? Ils ne suivent même pas le calendrier parlementaire quand il y a une session extraordinaire, le calendrier des partis politiques. Les rédactions sont tout de même assez nombreuses pour qu'un roulement soit assuré.

La hiérarchisation des informations laisse en général à désirer, quand le moindre coup de pied d'un footeux passe avant un événement culturel ou politique, et avant toute réflexion. En été la situation sombre dans l'avachissement général.

Et comme pour faire déborder le vase, la dernière goutte nous est venue hier de l'acteur top 16e au classement du JdD. Pas besoin de savoir la vérité vraie de l'anecdote en plein ciel : son urgence était comparable à celle de l'info, qu'une voyageuse a cru bon de transmettre aussitôt à une radio !
Les chaînes TNT donnent aussi une adresse pour les envois d'images d'amateurs-reporters : porte ouverte à toutes les dérives (mais heureusement nous avons échappé à une photo de Gégé).

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