dimanche 18 mars 2012

populisme en marche

À 35 jours du premier tour de l'élection présidentielle, nous approchons de la campagne officielle, les dix (onze ?) candidats étant alors connus. Ce délai permettra-t-il de revenir au respect de l'intelligence des électeurs ?
Plusieurs spécialistes* dénoncent la plus grande menace dans cette élection : un populisme où 3 candidats se sont mis en concurrence. Jamais sous la Ve République on n'avait assisté à pareil déferlement. Et si le général De Gaulle qui avait pris le pouvoir en 1958 se défendait de devenir "un dictateur", c'est bien lui qui nous mit sur les rails avec l'utilisation du suffrage universel direct. Cette fameuse "rencontre entre un homme et un peuple" sera difficile à remettre en cause, sauf au prix d'un immense courage politique. Car il il mène logiquement à un ultime appel à l'homme providentiel, mais aussi à l'arrivée d'un leader (à décliner dans toutes les langues).

Ce  dimanche Fanchon découvre avec effroi les déclamations d'élus que nous connaissons pourtant depuis longtemps.

Pas de surprise du côté FN : la fille qui a mis ses pas dans le pas de son père s'attache à humaniser les imprécations du vieux tribun, sans que le fond ait changé. Ce n'est pas de ce côté que vient le renouveau...

Du même côté droit, un candidat devrait être le meilleur garant de la démocratie, comme (encore) Président de la République. Malheureusement les images qu'il a données pendant cinq ans étaient seulement un préambule. Depuis qu'il est candidat déclaré, il a repris la campagne où il l'avait laissée en avril 2007 ; et il l'a amplifiée dans la démesure, le déni du réel, le délire verbal - et l'insulte primaire à l'encontre de l'adversaire. Et ça marche (pour ses partisans) !

Nous attendons tou-te-s d'une élection que les sortants présentent le bilan de leur mandat qui s'achève. Que les candidats nous proposent le programme qu'ils comptent appliquer s'ils sont élus.
Rien de tel en 2012 : motus sur le bilan (dont il n'y a pas à se vanter), pas de programme. Et comme il faut bien parler, le Petit Nicolas se fait plus grand qu'il n'est. Seule ressource, l'affabulation ; sur sa personne prétendument mythique, sur ce qu'il aurait dû faire en 5 ans, ce qu'il ne fera pas plus en 5 ans.

Prise dans ce tourbillon auquel se prêtent les médias, l'opposition à gauche mène pourtant campagne. Dans deux directions.
Résistance de François Hollande qui veut tenir le cap auquel il croit : dénoncer le "candidat sortant", mais surtout présenter son programme en tenant compte du réel, la situation de crise (économique, politique, sociale, culturelle, morale).

Un autre homme de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a un parcours démocratique indéniable, aux appartenances diverses depuis longtemps, à la longue expérience d'élu en de nombreux mandats - en mairie, en conseil général, au Sénat, comme député européen - mais aussi comme ministre socialiste de Jospin.
Devant le désamour de ses concitoyens pour la politique, il tente de prendre le rythme du président sortant, pour ramener à gauche les électeurs égarés et déçus.

Sans atteindre encore l'ivresse des altitudes extrêmes, Mélenchon est déjà dans l'escalade des sondages, dans les records du net et du twitt : c'est le triomphe dans le virtuel. Il veut donc passer au réel, avec ses meilleures armes : cultivé, ancien professeur, il se flatte d'invoquer l'Histoire ; avec sa détermination à être le chef, il déploie ses grands talents d'orateur. Sa Marche d'insurrection civique (oxymore ?) doit mener ses troupes à la Bastille, écharpes et bannières rouges flamboyant, à la date anniversaire de l'insurrection de la Commune de Paris - tous les symboles sont là, version light, pour faire chavirer les cœurs de gauche.


Aucune ambiguïté avec le populisme de l'extrême-droite : c'est vraiment à la gauche que le candidat du Front de gauche veut rendre sa place.
Mais le risque est grand d'abaisser le niveau du politique à celui des instincts, de la seule émotion à laquelle appelle constamment Sarkozy. Le rouge est mis ; mais le rouge ne suffit pas. Quand on met l'intelligence, la raison au premier plan, c'est l'éducation, l'information, l'explication qui devraient primer : pas l'opposition binaire entre fronts.

Respecter le Peuple souverain, ce n'est pas l'appeler par incantation, ce n'est pas le manipuler, même par les bons sentiments. Mieux vaut le convaincre ; puis savoir gouverner. Car le populisme finit généralement dans la dérive : celle de Sarkozy ne fait aucun doute.
Fanchon souhaite que Mélenchon sache plutôt faire réduire l'abstention du Peuple de gauche.
Un sondage IFOP évoque le climat de campagne perçu par les électeurs ; sans qu'on y trouve le mot "abstention", l'enquête lui donnerait aujourd'hui* à 29 %, qui serait un record dangereux.

* mais attention : l'évocation du chiffre dans Le Point, le JDD et sur TF1.fr du 18 mars 2012 est liée à une étude IFOP de... février 2011.
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