dimanche 30 décembre 2012

une femme "manquante" de plus !

Il y a sept ans, un titre jetait un cri d'alarme sur la situation des femmes dans deux grands pays d'Asie. Des politiques démographiques hasardeuses, mais aussi des coutumes "traditionnelles" et des techniques médicales dévoyées, menaient la Chine et l'Inde - les deux pays les plus peuplés du monde - à une situation folle : une masculinisation galopante, une pénurie de femmes.

Aux diverses contributions du Livre noir de la condition des femmes (ouvrage collectif), se sont ajoutées depuis des analyses et parutions diverses - en particulier celles d'Isabelle Attane. On peut prévoir en particulier que d'ici une vingtaine d'années près de 2 millions d'hommes seront contraints au célibat. Donc autant de "femmes manquantes".
À l'inverse, risquons la comparaison avec les fiancées et veuves de guerre en 1918, restées ombres noires célibataires pendant 30 ans, dénoncées comme "les bigotes" par Brel : la pénurie démographique avait alors poussé la France à appeler des immigrants - avec toutes les conséquences économiques, sociales et politiques qu'on a vues depuis.

Le déséquilibre actuel en Asie est dû à la folie des hommes. L'Inde a été le premier pays à appliquer une planification forcée (stérilisation, même), à grande échelle ; Mao en Chine a instauré une politique de l'enfant unique. Dans les deux pays la tradition accordait peu de respect aux femmes, souvent discriminées : aux Chinois il fallait des fils (et des brus pour le travail...) pour prendre en charge financièrement les vieux parents ; en Inde, le système de la dot obligatoire pour les filles pénalisait les parents  qui voulaient marier leurs filles.
En fin de 20e siècle les technologies modernes sont venues à la rescousse des mentalités rétrogrades : au point qu'il a fallu interdire les échographies permettant  de prévoir "à temps" les naissances de filles (autant les éliminer très vite, par l'IVG) !

À ces discriminations avant-terme menant à la mort ces futures petites filles, continuent de s'ajouter toutes les violences aux vivantes.
L'Inde nous en donne ces jours-ci le pire exemple, avec le viol collectif de cette étudiante de 23 ans. Voilà deux semaines que l'opinion publique - et pas seulement des femmes, heureusement - se mobilise en protestations massives, redoublées après l'annonce de sa mort.


Les détails (traumatisme cérébral, arrêt cardiaque puis infections pulmonaire et abdominale) font froid dans le dos. Mais aussi que Delhi est la capitale du viol. Le cas de "la fille de l'Inde" - nouvelle femme manquante - est devenu un emblème, mais quelle sera la suite ?

Car on connaît LA solution au "problème-femme" : l'éducation, la vraie. C'est elle qui permet aux femmes de planifier les naissances (les exemples courent la planète), d'acquérir une indépendance économique. Et, aux hommes surtout, de perdre leurs clichés stéréotypés, leur vision obscurantisme du monde, leurs traditions ancestrales de mépris des femmes. Au passage on arriverait peut-être un jour à réduire la violence des voitures, des armes - voire les guerres, comme seul moyen de montrer qu'ils en ont et qu'on va le voir...

En France, on a bien vu pendant la décennie écoulée, qu'il était plus politiquement correct de s'indigner des violences aux femmes victimes, que de faire avancer la parité pour des femmes responsables.
Eh bien voilà qui ferait des vœux tout à fait convaincants dans cette période...

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2 commentaires:

  1. C'est parce que les femmes gagnent en indépendance économique et en éducation où elles peuvent ne plus rien demander ni attendre des hommes que ceux-ci leur font la guerre, j'en ai peur, comme le dit le lien vers cet article de Terriennes de TV5 Monde :
    http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/Terriennes/Dossiers/p-24002-Viol-l-Inde-en-colere.htm
    C'est vraiment la guerre aux femmes : quand elles sont pauvres et illettrées, puis quand elles sont éduquées et indépendantes économiquement : "la fille de l'Inde" était une kinésithérapeute diplômée.

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  2. c'est l'exemple même du cercle "vicieux", où le serpent se mord la queue... (enfin... :-)

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