lundi 24 mars 2008

déjà une habitude


Pour la deuxième fois - mais non la seconde, espérons-le -, la liste des nominations et promotions dans l'ordre de la Légion d'Honneur se base aussi sur ce qui n'est plus une nouveauté : la parité. 332 femmes, 330 hommes. Et le réseau Demain la Parité s'en réjouit dans un communiqué cité par l'AFP repris par Le Figaro ; autre extrait du communiqué :

Il aura donc fallu des années pour admettre l’importance de la visibilité des femmes, qui sont actives depuis des siècles en France et contribuent, à égalité avec les hommes, à la richesse et à la solidarité nationales. Le réseau Demain la Parité se félicite que ce principe soit désormais admis, et estime que tout retour en arrière, dans le futur, serait incompréhensible. Le réseau Demain la Parité note également avec satisfaction la meilleure prise en compte des représentants du monde associatif (13%) parmi les personnes nommées ou promues (contre 4,2% pour le monde des entreprises, par exemple). Cette évolution est nécessaire car le travail de la société civile est souvent peu considéré. Cependant, cette liste présente encore des disparités inexplicables. Seul un tiers de femmes (33%, contre 67% d’hommes) figure dans les promotions (commandeur-es- et officier-e-s) au sein de l’ordre. On ne relève ainsi aucune femme élevée au rang de commandeur au titre du Premier ministre et des ministères de l’Ecologie, de l’Intérieur, de l’Economie, de la Justice, de l’Education nationale, de la Défense et de la Santé.



Autre motif de satisfaction pour Demain la Parité : " l’emploi du féminin dans la désignation professionnelle des femmes promues (écrivaine, préfète, secrétaire perpétuelle de l’Académie française, proviseure, professeure, ingénieure, lieutenante-colonelle, etc) : la féminisation du langage est en effet un moyen de reconnaître que la société est composée de citoyen-nes des deux sexes. D’autres langues (l’espagnol, l’italien notamment) avaient adopté cette habitude plus naturellement et plus tôt que le français."

Comment ne pas applaudir ? L'Élysée, avec cette initiative imposée au J.O. lui-même, parviendra peut-être ainsi à convaincre le Sénat (où seules les élues de gauche sont parvenues à se faire désigner comme sénatrices !), et dans un siècle peut-être à l'Académie française, grâce à la promotion de sa "Secrétaire perpétuel" Mme Carrère d'Encausse ?
La dernière conquête sera alors d'obtenir des Grands Chanceliers de la Légion d'honneur et du Mérite que les femmes qui en sont membres ne soient plus appelées "chers Compagnons" (sic) !

Aujourd'hui, ces archaïsmes sont reflétés sur le net : les réactions se multiplient pour dénoncer la dépréciation d'une décoration qui ne sert plus à rendre hommage aux survivants de guerres affreuses (merci Napoléon). D'après les machos de service, on dirait, parce qu'il y a autant de femmes, que ce n'est plus le mérite qui est récompensé, mais juste l'arithmétique. C'est sans doute la première fois qu'on y remarque des vedettes bling-bling, mais la dépréciation venue du copinage n'est pas nouvelle. Au contraire, le niveau remonterait plutôt quand sont - enfin - reconnues des RésistantEs oubliées depuis plus de 60 ans...

Pour citer quelques unes de ces femmes retrouvées, souvent anonymes car leur activité est bénéfique à toute la société, Fanchon tient à mentionner Jacqueline Wolfrom, Sylvie Ulrich, Marie-Claude Vayssade, Bernadette Malgorn, Élisabeth Clément, et tant d'autres.
Quant à la culture, l'action en coulisses de la discrète Élisabeth Depardieu semble récompensée ; et si elle pouvait chanter à nouveau !

Un bémol, toujours la langue française : toutes ces femmes sont "officier" ou "chevalier". Mieux vaut en rire, non pas d'elles, mais de ceux qui veulent garder ce privilège du masculin-roi : nier le genre féminin...

NB. comment illustrer une note comme celle-ci ? voilà des femmes dont on trouve pas de photos... Il n'y a décidément pas de paparazzi dans les associations, là où les femmes bougent ?

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3 commentaires:

  1. En feuilletant une brochure Onisep j'ai été heureuse de voir que le mot professeur-e était écrit au masculin et féminin, et s'il y avait une photo ou une explication de cas concernant une femme on avait bien le mot "professeure", ça permet ensuite de s'y référer, voire de le signaler à ceux qui ne féminisent pas ... ;o)

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  2. c'est la seule bonne nouvelle de ces dernières semaines. c'est effectivement une évolution importante car dans certains milieux que j'ai l'occasion de fréquenter pour raisons professionnlles il est de bon ton d'arborer un ruban rouge ou bleu. C'est bien si il y a plus de femmes .
    ça ne suffira pas cependant à compenser les résultats des élections municpales et cantonales.

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  3. En effet, il ne faudrait pas utiliser les décorations comme lots de consolation, quand les femmes sont rebutées par les pratiques de la politique...

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