jeudi 1 mai 2008

1er mai de femmes et d'hommes

Cette date n'est pas seulement un symbole, comme journée internationale de revendication des travailleurs - devenue Fête du travail, fériée, en 1948. Les slogans des défilés de ce 1er mai 2008 le rappelleront.
Mais Fanchon a passé une partie de son enfance à Fourmies, où elle a été à l'école communale, il y a longtemps, avec une petite Blondeau. Cette ville pauvre a payé lourdement sa désindustrialisation : devenue centre mondial de filature de laine, elle perdit la presque totalité de ses entreprises détruites pendant la première guerre mondiale.
Sa célébrité vient de la fusillade de 1891, le sous-préfet envoyant l'armée contre les grévistes. Il y eut 36 blessés et 9 morts, dont un gamin de neuf ans, et trois jeunes filles : la plus jeune s'appelait Marie Blondeau. Voilà qui fixe des souvenirs.

Mais qui évoque Fourmies aujourd'hui ? oublier l'Histoire, c'est prendre le risque de reculer... Seule la ville elle-même a le droit de mettre de côté ces journées qui l'ont durement marquée. La population aujourd'hui y est moins nombreuse qu'autrefois, le taux de chômage y est encore très élevé, et le revenu par habitant inférieur à la moyenne française.

Il faut néanmoins découvrir le tourisme de cette région : entre Thiérache et Avesnois, Fourmies est entourée de forêts, d'étangs, et l'on peut rayonner vers tout un patrimoine ignoré du tourisme classique. La ville elle-même toujours pratiqué le sport (piscine, courses cyclistes) et la cuture accessible à tous (théâtre municipal, musées passionnants, kiosque à musique).
Dernier signe d'espoir : les municipales de mars ont redonné la majorité à une union de la gauche. (Il manque toutefois des visages de femmes sur le site...)

Beaucoup plus au Sud, c'est à la veille du 1er mai que le Collectif-13-droits des femmes a remis un chèque de 9 500 € aux grévistes du Carrefour-Grand littoral de Marseille. C'était le fruit d'une rapide collecte de solidarité, déjà évoquée sur ce blog, Les dons (par 10 €, 20 €, 50 €) venaient de la région mais aussi de toute la France. Ils signifiaient encouragement, admiration et respect envers les grévistes, surtout des femmes, qui ont su montrer comment la grande distribution traite ses salarié-e-s. Un écho d'aujourd'hui aux conditions ouvrières dans la laine au 19e siécle (c'était pas d'horaires, pas d'âge, chaleur et humidité étouffantes)


Enfin, ce 1er mai 2008 est pour fanchon l'occasion d'évoquer sa rage de voir Yves galérer au quotidien pour retrouver un emploi stable. Trop "âgé" pour avoir droit à travailler, il est bien trop jeune pour être chômeur : sinon pourquoi sa génération est-elle considérée comme une relève réclamée en politique ?

Son grand tort est de n'avoir pas de diplômes ; mais on ne considère pas son mérite d'être autodidacte, d'avoir tout appris "sur le tas", de présenter un CV riche et varié, prouvant qu'il sait s'adapter. Et il s'adapte en particulier à la paresse des patrons, des DRH qui n'accordent aucune considération, aucune estime à la valeur qu'il représente. Il garde une patience et un calme infinis malgré des heures passées en recherche, en démarches et devant un ordinateur.
Enfin il faut l'avoir vu profiter de son oisiveté forcée pour s'engager dans la campagne électorale récente. Arpentant le canton d'un jarret vigoureux pendant des heures de marche, organisant la logistique de collage, de distribution, mobilisant ses "troupes", remplaçant les militants défaillants, il a été un pilier essentiel de la victoire socialiste qui a fait basculer son canton à gauche.

Et cet homme est trop vieux ? Qui osera lui dire en face que, arrivé en fin de tous ses derniers droits, n'étant même plus compté dans le chiffre (en baisse !) des chômeurs, il devra cotiser 41 ans pour avoir une retraite ? Voilà pour fanchon le symbole du cynisme de notre époque. Que des Yves et Yvettes soient méprisé-e-s comme êtres humains.

Le muguet du 1er mai est toujours un symbole justifié, face à l'argent-roi. Puisse-t-il porter bonheur à Yves, après tant d'années.


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