jeudi 22 mai 2008

"des femmes pour l'Europe !"

Voilà une belle tribune dans Le Monde, d'une femme dont on parle peu en France, sinon pour en dire du mal, bien sûr, ... puisqu'elle est Commissaire européenne !
Mais bien plus proche de nous qu'on n'aurait pu dire, y compris par l'humour :


Pourquoi les trois personnalités qui pourraient prétendre à incarner l'Europe sur la scène internationale devraient-elles nécessairement être "trois hommes" ? Seule femme parmi les vice-présidents de la Commission européenne, je n'en finis plus de me sentir heurtée par cet éternel raccourci. "Trois hommes" : c'est loin d'être une simple image, réminiscence inconsciente des trois rois mages. Cela nous rappelle aussi un grand succès du cinéma français d'il y a une vingtaine d'années. Mais l'Europe n'est pas un couffin ! - elle mérite bien mieux que cela !

J'en veux pour preuve qu'ils courent, ils courent, tels des furets, les noms des candidats, déclarés ou non, aux postes de président du Conseil européen, de haut représentant pour les affaires étrangères et de président de la Commission. Et chacun d'analyser les chances et handicaps respectifs de ces prétendants certes tous différents : expérience, appartenance politique, nationalité, grand pays, petit pays, Sud, Nord, Est, Ouest, zone euro ou pas... mais tous masculins.


Je suis abasourdie que, quarante ans après ce fameux mois de mai, personne ne relève l'absence de femmes parmi ces noms qui circulent. Et ce y compris en France, un pays qui a donné non seulement des grands hommes à la construction européenne (Jean Monnet, François-Xavier Ortoli et Jacques Delors), mais également de grandes femmes, et notamment deux présidentes du Parlement européen, Simone Veil et Nicole Fontaine.


Angela Merkel, Emma Bonino, Mary Robinson, Tarja Halonen, Dora Bakoyiannis, et bien d'autres femmes ont tout autant de qualités et d'expérience que les heureux nominés candidats. Elles apportent, partout où elles s'engagent, des attitudes et des expériences qui enrichissent les débats et les agendas politiques. Environ 50 % de la population de l'Union est faite de femmes. Pourtant, année après année, les photos officielles des rencontres gouvernementales comportent toujours autant de cravates.

L'explication est simple.

MAUVAIS PLI

Elle n'a rien à voir avec des supposés défauts d'ambition, d'intérêt ou d'aptitude de la part des femmes. Elle est pour une large part le résultat d'une habitude prise par les hommes. Les hommes choisissent des hommes. Un mauvais pli qui s'autoperpétue. C'est pourquoi je voudrais appeler les femmes européennes et les organisations de femmes à réagir. Ces trois postes, qui sont d'ailleurs au nombre de quatre si on y ajoute celui de président du Parlement européen, cumulent également la difficulté supplémentaire de relever de modes d'investiture plus proches de la cooptation que de l'élection.


Il nous appartient de lancer dans l'arène des noms de candidates féminines. Aucun homme ne le fera pour nous. La question n'est pas de savoir si ces femmes feraient mieux que ceux dont les noms circulent. Elles feront certainement aussi bien, mais surtout elles feront différemment. C'est une question de démocratie. C'est une question de liberté, d'égalité et... de fraternité comme on doit l'entendre, en 2009, entre concitoyennes et concitoyens.


Margot Wallström, vice-présidente de la Commission européenne


merci à toutes celles qui ont signalé ce texte à Fanchon - et merci au Monde pour sa "fraternité", comme dit Margot.



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