vendredi 8 août 2008

Beijing - bien sûr, mais...

Bien sûr les condamnations ; bien sûr la prison ; bien sûr la torture ; bien sûr les exécutions. Et bien sûr les manifestations.
Robert Ménard et Reporters sans frontières ont raison de manifester contre le régime libéralo-communiste à qui l'on a confié l'organisation des J.O. Il aurait fallu plus de manifestants autour de lui à Paris pendant la cérémonie de Pékin. Le tribunal administratif qui a cassé l'interdiction a été digne. (Et la Préfecture de police qui avait interdit n'était pas digne)

De même que fanchon déplorait l'incapacité de nos gouvernements de droite à inciter à la fête, elle retrouvait du Goude/Decouflé dans le "nid d'oiseau" dans l'heure qui a suivi 8h08 (locales) ce 8.08.2008. Rigueur des lignes, esthétique, mouvements, couleurs, humanité des corps dans l'exigeance de l'abstraction. Un rêve merveilleux. Il faut bien le reconnaître, qu'on est resté éblouie !

Bien sûr que le pas de ces militaires autour de leur drapeau n'évoquait pas Le lac des cygnes...

Bien sûr les mouvements de milliers (2008) de figurants rassemblés rappelaient irrésistiblement Leni Riefenstahl et le stade de Berlin en 1936. Bien sûr qu'il est plus facile de faire des défilés impeccables dans un régime totalitaire, comme sur la place Rouge du temps des Soviets. Bien sûr que le décor a été terminé dans les délais grâce à des populations déportées, des habitations détruites et des ouvriers traités en esclaves. Et bien sûr que sur 24 millions de "volontaires" déclarés, on trouve facilement un million de bénévoles pour participer à l'ensemble de l'entreprise. En un mot, bien sûr que c'est la propagande d'un régime autoritaire.

Mais voilà des semaines que France Télévisions (5 en particulier) nous permet des promenades dans les campagnes et les villes chinoises, des plongées dans cette société. (Bien sûr, dans les limites concédées par l'œil de Beijing, par le truchement de l'interprète) Mais voilà donc des semaines que nous nous habituons à porter un regard différent sur cet immense pays. Voilà maintenant plusieurs années que nous avons des cousin-e-s, des ami-e-s, des collègues qui profitent de leur retraite ou de leur Comité d'entreprise pour aller arpenter la Grande muraille ou la place Tien-an-men. Et l'échange est déjà passé, humainement, par la télé ; même si parfois une main devant la caméra faisait savoir qu'on ne pouvait pas en dire plus.

Une grande différence depuis les précédents J.O. : nos télés. Ce n'est pas seulement qu'elles sont fabriquées en Chine, par ces gens que nous nous habituons à voir. Nous avons maintenant de grands écrans, à haute définition et la TNT. Il n'est plus possible de prétendre "qu'ils se ressemblent tous", comme disent les ignorants : même avec le maquillage, on voit bien que les danseuses dont nous rapproche la caméra pourraient être de jeunes voisines, des amies, nos filles. Et elles nous regardent de la même façon, souriantes, sans nous voir, tout appliquées à respecter une chorégraphie si rigoureuse.

Cette proximité que nous aurons trouvée, comment resterait-elle sans suite ? Ce pays a mis superbement en scène des images de son histoire, de sa riche culture. Cette peine qu'a prise la jeunesse chinoise pour donner la meilleure image de son pays, propagande ou non, nationalisme ou pas, comment n'évoluerait-elle pas vers un désir de vraie rencontre, donc de liberté ?

Si les dirigeants conduisent un régime inhumain, régnant sur un peuple qui n'a jamais connu la démocratie comme nous la connaissons, qui peut jurer de l'avenir ? Les images symboliques de la mondialisation peuvent sans doute être assumées par le peuple chinois lui-même, venant à notre rencontre avec comme un désir... d'avenir ?!

Continuons donc avec RSF, pour aider les Chinois à gagner la paix qu'ils méritent :



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