jeudi 10 février 2011

C Q F D, comme Démocratie

Ce Que Femme Dit... s'entend peu.

Fanchon reste furieuse d'avoir subi l'exercice auquel s'est livré ce jeudi matin un Député de la Nation, en direct sur une radio publique, France-Info. Identifiée en quelques mots, la voix* de Christian Estrosi est un outil parfait pour imposer un mode de "pensée" rudimentaire. Il a manié avec une sorte de talent les arguments les plus provocants, au service d'une compassion manipulée pour la jeune victime d'un crime ignoble. (* mais l'image du "beau mec" n'arrange rien..)
Au crime - qui ne sert plus que de prétexte -, il oppose une description scandaleuse (à 8 mn) du fonctionnement judiciaire, où les personnels choisiraient délibérément d'écarter le traitement des dossiers les plus graves, en feignant d'être débordés. Une caricature plombée, un déni de réalité, à vomir.
En bref, le discours sarkoziste concentré au carré, au cube. Le langage niant la pensée. Une réduction cynique de toute pensée intelligente.

Mais le député-maire-président niçois et cumulard n'était pas seul dans cet exercice d'échauffement matutinal. Sa malheureuse partenaire sex-toy était une journaliste qu'on imagine débutante : sa voix, coupée sans cesse, blanchissait à mesure que la voix mâle l'écrasait ; elle avait beau insister, ses questions devenaient juste matière à rebondir pour le puncheur solitaire et satisfait - sans mépris voulu, seulement écrasant.
Quand d'autres politiques rayonnent dans leurs imprécations contre les médias, va-t-il falloir établir des rapports de forces dans les rédactions ? Face à un Estrosi, à tant d'autres UMPistes sans vergogne, faut-il former des escouades de journalistes sur-formés, expérimentés, prêts à rendre coup pour coup ? Et virils, bien entendu ?

La nuit précédente était tombée sur une ombre d'espoir, sur France 3. Dans un débat de "Ce soir ou jamais" sur le monde arabe, ce qui doit représenter la meilleure parité possible pour Frédéric Taddei : cinq hommes, deux femmes !
C'est à elles qu'Alain Gresh, journaliste, sûr de soi et fort de sa bonne foi, s'est adressé en toute candeur : "Est-ce à dire qu'en France, jusqu'en 1945, on n'était pas en démocratie ?!"
Bonne pioche : "NON !" ont répondu en chœur Wassyla Tamzali, avocate algérienne, et Nicole Bacharan, politologue maintenant habituée des plateaux.
Et devant son étonnement : "Ce n'était pas une vraie démocratie."

Preuve que ce genre de question, même un homme éduqué peut ne jamais se la poser.
Et le féminisme est sorti gagnant de ce court échange, car il a pu s'exprimer spontanément.
Une féministe seule, n'aurait dit que son opinion personnelle. Heureusement pour une fois, elles ont été vues et entendues comme deux femmes côte à côte, réagissant naturellement sans même avoir besoin de se concerter.
Mais qui, autour de minuit, a assisté à cet événement ?

Tout rentrait dans l'ordre dès le jour levé, dans Politique Matin de LCP-AN. Le directeur Gérard Leclerc n'a pas dû lire son courrier, car Patrick Chêne calme les débats de son plateau "un peu masculin" (sic), par un habituel "Messieurs, messieurs..."

(dépasser les 20 premières minutes, pour ignorer Mme Brunel,
qui oublie décidément qu'elle est responsable de l'Observatoire de la parité !)


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