samedi 25 août 2012

Delarue victime expiatoire ?

En moins de 24 heures, le tourbillon des médias s'est affolé autour de son œil, à se regarder plus que jamais le nombril.

 L'histoire agitée d'une de ses chères icônes prenait fin subitement et ce fut aussitôt un flux d'images sur tous les écrans de nos médias : Jean-Luc Delarue, "disparu", était partout. Au fil des interviews on a pu entendre le trouble des professionnels dont le monde se fissurait, mais aussi leur émotion à la mort d'un symbole : jeunesse, talent, réussite, gloire, argent facile, drogue. Toutes les unes de la presse écrite ce matin se montrent aussi impressionnées par la même image.

La mort est un sujet difficile et la presse écrite, pudique, avait pour longue tradition de ne pas personnaliser ses journalistes.  Ce monde a changé et la réussite passe maintenant par l'ego, où la compétition est forte. La carrière de Delarue a été celle d'une comète dans le ciel des médias. Ceux qui restent, tous ses collègues et concurrents, en sont devenus les témoins. Pour faire autorité, il faut - au contraire - avoir duré, durer toujours. par exemple Michel Drucker pour France-Télévisions, qui a consacré le succès du jeune producteur-animateur, mais a aussi créé le malaise.
Tantôt "le plus doué", "le gendre idéal",  "boulimique de travail", '"aimé des Français", voilà ce que tous disent. La TV publique, mais aussi les radios privées.

L'éternel Elkabbach disait son émotion, assurément sincère. Il donnait ses explications plus personnelles aux difficultés de son cadet surdoué. Mais rien de critique sur cette façon d'aller chercher publiquement, dans l'intimité des autres, un miroir à ses questions intimes. Faut-il donc en conclure que tous les enfants du divorce finiront dans la drogue ? que les intelligences brillantes succombent au vertige de la vitesse ? que la créativité ne se prouve que dans l'argent-roi ?

Le rôle des anciens, surtout quand ils s'accrochent à leurs pouvoirs médiatiques, est-il de pleurer leur deuil dans les micros ? L'idée de tutorat, chère à François Hollande, devrait particulièrement s'appliquer aux médias : les plus âgés auraient pu jouer le rôle d'un père, donner le sens du métier et l'exemple des comportements, rappeler les valeurs déontologiques des médias. Les grands sages se condamnent eux-mêmes en expliquant les qualités de celui qui, à leurs côtés, les a toutes gâchées.

Enfin, dans une génération à la fleur de l'âge, où le chômage menace partout, on mériterait peut-être que les aînés ne confisquent pas les antennes, les productions, les émissions, les titres et postes prestigieux. La juste ambition, l'envie de réussir, cela ne devrait pas entraîner des conduites à risque.
Et @ Drucker : la mort à 48 ans, est-ce vraiment une "success story" ?

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