mardi 1 janvier 2008

retard surprise !

Les yeux de Fanchon s'écarquillent devant une dépêche AFP, reprise déjà sur les sites de la presse nationale. Du jamais vu :

Légion d'Honneur: la promotion du 1er janvier sera publiée "prochainement"

La traditionnelle liste de promotion de la Légion d'Honneur du 1er janvier n'est pas parue mardi au Journal officiel, mais le sera "prochainement", a-t-on indiqué à l'Elysée.

Selon l'Elysée, ce retard de publication est dû au fait que la promotion du 11 novembre dans l'ordre du Mérite n'est pas sortie parce que la parité n'y était pas assurée. Et ce blocage a entraîné la non-parution d'aujourd'hui.


"L'une ne peut être publiée sans que la précédente (...) le soit" également, a-t-on souligné de même source.

"Pour la promotion du Mérite du 11 novembre, le Président a retourné des propositions aux différents ministères parce qu'il estimait que la parité n'était pas du tout appliquée. Par là même, les dossiers ont dû être revus et cela a retardé la promotion de la Légion d'Honneur", a souligné une source à l'Elysée.

"La promotion du 11 novembre n'étant pas sortie, cela bloque la promotion de la Légion d'honneur du 1er janvier", a ajouté cette source, faisant remarquer qu'elles "sont prêtes toutes deux et devraient paraître prochainement".

En juillet dernier, le réseau d'associations féministes "Demain la Parité" avait dénoncé le faible (23,13%) pourcentage de femmes promues au titre de la Légion d'Honneur lors de la promotion du 14 juillet 2007.

1er janvier 2008.


Le principe des décorations n'est pas l'obsession des femmes en général ; il faut généralement insister pour qu'elles postulent. Mais ce n'est pas la principale raison de leur faible nombre sur les contingents de la Légion d'Honneur et du Mérite : la plupart des ministres qui accordent les nominations et promotions soutiennent les propositions sans même remarquer qu'elles sont très majoritairement masculines, et l'on pourrait citer certains qui ne mettaient jamais un nom de femme dans leurs listes.

Franchement, les associations féministes se battent peu pour obtenir davantage de médailles. Le Réseau Demain la parité a pourtant fait avancer l'égalité en établissant des statistiques dans tous les domaines : d'abord celui des élues politiques, grâce à l'experte européenne Françoise Gaspard, puis dans toutes les instances de décision où elles sont trop peu nombreuses (entreprises, universités, grandes écoles scientifiques, etc).
Cette stratégie a permis de signaler la faible place des femmes, qui de moins de 5 % à l'Assemblée nationale avant 1981, étaient toujours à 6 % dix ans plus tard. Avec L. Jospin, la volonté de parité, puis la loi, ont permis depuis de décoller un peu.


Par principe, car il faut rendre les femmes 'visibles" dans la société, Demain la parité a toujours suivi, sous la direction de Colette Kreder, les statistiques des décorations. Le 22 juillet dernier, Fanchon rapportait un communiqué du réseau. Publié par l'AFP, il a fini par produire ses effets : c'est à l'Élysée même qu'on a pris conscience du déficit devenu choquant. D'abord pour le Mérite en novembre. Puis aujourd'hui même pour la Légion d'honneur.

Un désordre jamais vu : la liste des décorés non publiée au Journal Officiel, en sursis faute de femmes ! D'habitude on les accuse d'être en retard, cette fois c'est la République qui remarque leur absence aux places d'honneur.

Fanchon ne peut s'empêcher de répéter que, faute de ministre réellement chargé-e de la parité, faute d'en parler depuis des mois - l'État a fini par oublier les femmes.

Jusqu'à "prochainement", ouf !

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